Fabriquer son savon maison : entre illusion d’autonomie et héritage ancestral

1 Juin 2025 | Blog | 0 commentaires

Savonner son quotidien d’un peu de nature, c’est séduisant.

Mais faire son savon soi-même, est-ce vraiment la solution rêvée ?

Chez La Mésange Bleue, savonnerie artisanale nichée en pleine campagne normande, nous savons que certains de nos clients aiment comprendre ce qu’ils mettent sur leur peau. Alors aujourd’hui, nous levons le voile sur les dessous de la fabrication maison du savon. Un article complet, sincère, un brin espiègle… et terriblement instructif.

Sommaire

  1. Un engouement récent pour une pratique très ancienne
  2. La recette de base du savon maison : les ingrédients incontournables
  3. L’histoire oubliée de la soude végétale
  4. Soude caustique vs soude végétale : une fausse modernité ?
  5. « Je fais mes savons, c’est plus écolo » : pas toujours…
  6. La méthode artisanale de La Mésange Bleue : retour aux sources
  7. Vous voulez essayer ? Voici une recette simplifiée (et les mises en garde)
  8. Conclusion : Faire ou acheter ? Une affaire de choix… ou de sagesse

1. Un engouement récent pour une pratique très ancienne

La fabrication du savon remonte à plus de 4 500 ans. Des tablettes sumériennes du IIIe millénaire av. J.-C. décrivent une pâte à base de graisse animale et de cendres végétales, utilisée pour nettoyer la laine. Bien loin de nos savons surgras aux huiles précieuses…

Au fil des siècles, la savonnerie devient un véritable art. À Alep, on incorpore de l’huile de laurier. À Marseille, on perfectionne la cuisson au chaudron. Et toujours, la base reste la même : une matière grasse saponifiée avec une forme de soude.

L’essor des cosmétiques DIY (Do It Yourself) ces dernières années a ravivé cette envie de faire soi-même. Sur YouTube, les vidéos tuto pullulent ; sur Instagram, les jolis savons maison font fureur. Pourtant, cette tendance cache bien des zones d’ombre…

Envie d’en savoir plus sur notre éthique ? Découvrez notre page Nos valeurs.

2. La recette de base du savon maison : les ingrédients incontournables

Faire un savon, c’est simple… en théorie. Il vous faut :

  • Des huiles végétales (olive, coco, tournesol…)
  • De la soude caustique (hydroxyde de sodium)
  • De l’eau déminéralisée
  • Éventuellement : des huiles essentielles, des colorants naturels, des argiles, etc.

Le processus, appelé saponification à froid, repose sur une réaction chimique entre les corps gras et la soude. Elle libère de la glycérine, naturellement hydratante, et donne un savon dur et lavant.

Mais voilà : manipuler de la soude caustique n’est pas anodin. Produite industriellement à partir d’électrolyse, elle est corrosive, dangereuse et polluante. Un simple contact sur la peau peut causer une brûlure chimique.

Pas sûr de vouloir manipuler un produit corrosif ? Optez pour nos savons tout doux, disponibles sur notre boutique en ligne.

3. L’histoire oubliée de la soude végétale

Bien avant l’arrivée de la soude caustique industrielle, les savonniers utilisaient une soude naturelle, obtenue par filtration de cendres de végétaux riches en sels minéraux (souvent de bois dur, comme le hêtre ou le frêne).

Cette lessive de cendres, ou soude végétale, est douce, biodégradable, et ne présente pas les dangers de l’hydroxyde de sodium. On l’employait pour faire des savons noirs, des savons ménagers ou des savons à base d’huile d’olive.

Selon les textes anciens, les Gaulois lavaient déjà leurs vêtements avec de la cendre bouillie dans de l’eau. Les Égyptiens utilisaient la soude extraite de plantes halophytes séchées (plantes adaptées aux milieux salés).

La qualité de ces savons artisanaux variait selon les essences de bois employées et le savoir-faire du fabricant.

« Là où la nature parle, l’industrie se tait. » — Proverbe (presque) normand.

4. Soude caustique vs soude végétale : une fausse modernité ?

La soude caustique est née de la révolution industrielle. Elle est issue de l’électrolyse de saumures salines, un procédé énergivore, qui — selon les données de l’Agence Européenne pour l’Environnement — rejette du mercure et des composés chlorés dans l’air et les eaux.

En 2018, selon l’AEE, l’industrie européenne de la soude a généré plus de 340 000 tonnes d’émissions polluantes, incluant des métaux lourds.

Ironie : cette soude si moderne a remplacé une méthode naturelle, moins rentable mais plus vertueuse. Aujourd’hui, très peu de savonneries ont le courage ou la compétence d’utiliser une soude végétale artisanale. Chez La Mésange Bleue, c’est notre choix. Nous fabriquons notre propre soude à partir d’algues, dans le respect de la tradition et de l’environnement. C’est long, délicat, mais cela donne des savons authentiques, doux, et 100 % biodégradables.

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5. « Je fais mes savons, c’est plus écolo » : pas toujours…

C’est une affirmation qu’on entend souvent, et qui part d’un bon sentiment. Faire soi-même peut effectivement être une belle façon de réduire son impact. Mais fabriquer son savon maison implique d’acheter de la soude caustique, souvent issue de procédés industriels très énergivores, notamment l’électrolyse. En plus, on se retrouve souvent à multiplier les petits lots, les tests, les ingrédients importés, et à utiliser beaucoup d’emballages pour de petites quantités… Ce n’est donc pas toujours plus écologique qu’acheter un savon artisanal déjà fait.

Ce qui distingue une savonnerie artisanale dans cette logique, c’est le nombre : nous fabriquons des savons en plus grandes quantités (dans la limite du raisonnable – nous ne sommes pas une industrie !), ce qui limite les pertes, optimise l’utilisation des ressources, mutualise les emballages et les livraisons. C’est cette échelle artisanale, mais plus efficiente que le « fait maison » individuel, qui rend notre démarche plus vertueuse d’un point de vue écologique.

6. La méthode artisanale de La Mésange Bleue : retour aux sources

À la Savonnerie La Mésange Bleue, nous avons fait un choix radical : revenir à l’origine.

  • Soude végétale naturelle issue d’algues
  • Huiles biologiques au maximum locales (colza, tournesol)
  • Macérâts de plantes
  • Parfums naturels issus d’essences naturelles (nous n’utilisons pas d’huiles essentielles car elles ont des principes actifs)
  • Zéro additif synthétique

Chaque savon est coulé, découpé et tamponné à la main. Il sèche pendant 6 à 8 semaines à l’air libre, dans notre atelier ouvert sur les prés. Pas d’automatisation, pas de compromis.

7. Vous voulez essayer ? Voici une recette simplifiée (et les mises en garde)

Recette basique de savon à froid (avec soude caustique)*

Nous ne pouvons légalement pas vous transmettre une recette avec soude végétale, celle-ci nécessitant des tests précis de pH.

Ingrédients pour 500 g de savon :

  • 200 g d’huile d’olive
  • 150 g d’huile de coco
  • 150 g d’huile de colza
  • 64 g de soude caustique (pure, à 100 %)
  • 160 ml d’eau déminéralisée

Matériel :

  • Balance de précision
  • Mixeur plongeant
  • Récipients inox
  • Moule en silicone
  • Lunettes et gants de protection

Étapes :

  • Dans un récipient, versez doucement la soude dans l’eau (jamais l’inverse !). Laissez refroidir.
  • Faites fondre les huiles si besoin.
  • Mélangez les deux phases à température égale (~40 °C).
  • Mixez jusqu’à obtention d’une trace.
  • Versez dans le moule, couvrez, laissez reposer 48 h.
  • Démoulez, découpez, laissez sécher 4 semaines.

⚠️ Attention : la manipulation de soude nécessite de strictes précautions. Tenir éloigné des enfants et animaux.

Ou bien… laissez-nous faire ! Nos savons sont prêts à l’emploi, sans aucun danger. Voir la collection ici.

8. Conclusion : Faire ou acheter ? Une affaire de choix… ou de sagesse

Fabriquer son savon peut être une expérience enrichissante… pour peu que l’on soit curieux, minutieux, patient et prêt à manipuler des produits corrosifs.

Mais si vous cherchez simplement un savon doux, sain, éthique et bon pour la planète, pourquoi ne pas confier cette tâche à une équipe passionnée, qui en a fait son art de vivre ?

À la Savonnerie La Mésange Bleue, nous perpétuons un savoir-faire ancien, en phase avec notre temps. En choisissant nos savons, vous soutenez une agriculture locale, un artisanat vivant, et un avenir plus propre.

Testez la différence : commandez votre premier savon ici → Notre boutique

Références

  1. Agence Européenne pour l’Environnement – Données sur les émissions de l’industrie chimique, 2018
  2. Encyclopédie Universalis – Histoire du savon
  3. Museum of London – Soap in the ancient world
  4. CNRS – Chimie verte et électrolyse
  5. « Savon et civilisations », Gérard Lemoine, Éditions du Patrimoine, 2012. Ce livre explore l’histoire du savon à travers les civilisations. Bien qu’une version en ligne ne soit pas disponible, il peut être consulté dans certaines bibliothèques ou acheté auprès de librairies spécialisées.

 

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